Le président de la Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA), le sénégalais Gaoussou Guèye, note un manque de transparence dans la présence des flottes étrangères en Afrique de l’Ouest, soulignant qu’il n’y a aucune transparence pour les bateaux sous sociétés mixtes ou licence privées de toutes origines, notamment de la Chine, Turquie, Russie, Corée du sud. Seuls les textes des accords bilatéraux avec l’Union européenne (UE) sont rendus publics.
« Plus de 500 chalutiers chinois pêchent en Afrique, alors qu’il n’y a pas d’accords avec l’état chinois, mais grâce à des Sociétés mixtes, ils exercent au Ghana, Sénégal, Côte d’Ivoire, etc., sans qu’il n’y ait aucune information par rapport à l’Affrètement », s’est-il indigné.
Pour les Chalutiers russes ciblant les petits pélagiques, il n’y a pas aussi d’accord avec l’état russe, ni sur les sociétés mixtes, encore moins sur l’affrètement – pas d’info, a ajouté M. Guèye au cours des travaux d’un atelier d’élaboration du plan d’actions stratégique 2021-2023 de l’Association des communicateurs en pêche des radios communautaires et généralistes (ACPRCG), qui s’est tenu lundi et mardi à Saly-Portudal (Mbour).
Selon lui, la présence de chalutiers sud-coréens avérée, aucune information n’est disponible, si ce n’est celle sur le navire Dong Won qui pêche entre Sénégal et le Liberia, compte non tenu d’autres chalutiers sud-coréens qui sont dans beaucoup d’autres pays de la sous-région ouest-africaine.
Le président de la CAOPA fait allusion aux pavillons de complaisance qui ne contrôlent pas leur flotte au Panama, Saint Vincent et Grenadines, Cameroun, Togo.
Avec l’UE, trois accords mixtes sont signés avec le Maroc, la Mauritanie et la Guinée Bissau, six accords essentiellement thoniers avec le Sénégal, la Gambie, le Cap vert, la Côte d’Ivoire et le Sao Tome y Principe, Gabon, alors qu’il y a des licences privées à des navires italiens au Sierra Leone, sans aucune information sur les tenants et les aboutissants, ainsi que des sociétés mixtes par rapport à la crevette profonde au Sénégal.
Faisant le résumé du contenu du protocole d’accord entre le Sénégal et l’UE, Gaoussou Guèye renseigne qu’il concerne 28 thoniers senneurs congélateurs, dix canneurs pour le thon, cinq palangriers pour le thon et deux chalutiers pour le merlu, avec 800 000 euros liés à l’accès, notamment le tonnage de référence de 10 000 tonnes pour les thonidés.
« Le volume de captures autorisé dans ce protocole d’accord est de 1750 tonnes pour le merlu noir et l’appui sectoriel, dont le montant augmente et passe de 750 000 euros/an à 900 000 euros par an », a signalé M. Guèye qui pense qu’il faut s’appuyer sur la mise en place d’un cadre réglementaire pour que la constitution et les opérations des sociétés mixtes soient « transparentes et durables » pour permettre le développement d’une pêche durable, en particulier celle artisanale, dans les pays africains, et de s’inspirer des instruments internationaux que sont les principes directeurs pour un cadre réglementaire.
Il cite également d’autres instruments internationaux, tels que le Code de conduite du Fonds des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour une pêche responsable, et les directives volontaires qui y sont liées à une pêche artisanale durable, la Convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) 188 sur les conditions de travail dans la pêche, la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la corruption et l’Initiative pour la transparence dans la Pêche (FITI).
« Les objectifs du cadre réglementaire visent à contribuer au progrès économique, social et à la conservation des écosystèmes, à respecter les droits fondamentaux des personnes touchées et à encourager la formation », a soutenu M. Guèye
Faisant noter qu’il n’y a pas de dispenses ou d’exemptions pour les sociétés mixtes concernant le respect de la réglementation en matière d’environnement, de santé, de travail, de fiscalité, il a souligné qu’un des éléments essentiels de la gestion de la pêche demeure la transparence.
Il réclamé la publication des listes des bateaux sous licence, les redevances payées, les accords de pêche privés, la mise à disposition d’une information fiable, la mise à jour régulière des activités des sociétés mixtes.
« Les investisseurs doivent améliorer la transparence sur leurs efforts visant à combattre la corruption, protéger l’environnement, maintenir la sécurité et la santé publique, élaborer et mettre en œuvre un système de gestion environnementale, de sécurité et de santé et adopter l’approche de précaution », a insisté Gaoussou Guèye, également président de l’Association pour la responsabilisation et la professionnalisation des acteurs de la pêche artisanale maritime (APRAPAM).
Il suggère la prise en compte et la participation des communautés locales, l’évaluation complète des impacts locaux, environnementaux, sociaux et économiques.
« Cette évaluation doit impliquer les communautés locales dès les premiers stades de la planification du projet », a-t-il fait remarquer, révélant que les sociétés mixtes de pêche existent dans la plupart des pays africains.
La CAOPA plaide pour la définition d’un cadre pour garantir que ces sociétés mixtes de pêche opèrent de façon transparente, n’entrent pas en compétition avec la pêche artisanale locale et soient en droite ligne avec les objectifs de développement durable(ODD) de la pêche dans le pays africain concerné et sa région.