Les autorités de la Sierra Leone avaient décidé d’interdire, pendant 30 jours, la pêche industrielle afin de rajeunir et de reconstituer les stocks de poissons. Cette interdiction avait été saluée par les pêcheurs du pays et les ONG écologistes.
L’impact de cette mesure a très vite connu des limites à cause de sa courte portée et la puissance financière des entreprises étrangères. Les entreprises de pêche industrielle doivent non seulement cesser toute activité du 1er au 30 avril 2019, mais le gouvernement a décrété « une interdiction de toute exportation de poisson par terre, mer ou air » sur cette période, avait déclaré la ministre de la pêche, Emma Kowa Jalloh.
En raison de la pêche illégale, non réglementée et non déclarée, dite pêche INN, « de 2010 à 2016, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée et la Sierra Leone ont perdu environ 2,3 milliards de dollars [2 milliards d’euros] par an en chiffre d’affaires », avait estimé Greenpeace en 2017. Le moratoire concernait les bateaux industriels, dont la plupart appartiennent à des chinois et à des européens. Mais selon les pêcheurs locaux, l’interdiction leur a été beaucoup plus préjudiciable qu’aux chalutiers industriels. Mais au-delà du 30 avril prochain, la pêche industrielle sera de nouveau autorisée dans le pays.
« Nous avons la zone de protection marine (ZPM), nous avons la ZIE, la zone d’exclusion côtière, ce sont tous les points de reproduction de ce poisson. Quand vous permettez à ces bateaux chinois d’y aller, ils obstruent les pêcheurs parce qu’ils endommagent leurs filets », a expliqué Mohammed Lamine Kamara, un pêcheur. Pour les ONG écologistes un mois, c’est trop court pour avoir un impact majeur. Ils veulent que les gouvernements régionaux renforcent leur contrôle de la pêche illégale, qui coûte aux gouvernements ouest-africains plus de 2 milliards de dollars par an, selon Greenpeace. « C’est un premier pas que nous devons saluer et encourager. Mais ce n’est pas suffisant, car nous savons que les mesures qui sous-tendent une période de repos biologique vont bien au-delà d’un simple arrêt d’un mois d’activités et que ces mesures doivent être basées sur un repos biologique, sur la migration de l’espèce, sur les forts de pêche », a déclaré Dr Ibrahima Cissé, Directeur principal de la campagne sur les océans (Greenpeace Africa).
Moctar FICOU / VivAfrik