Le thème de la Journée internationale des forêts du 21 mars 2020 est « Forêts et biodiversité« . On dit souvent que les forêts abritent 80 % de la biodiversité terrestre, mais saviez-vous qu’un type d’arbre soutient également la biodiversité marine : le palétuvier ?
Les gouvernements et les communautés côtières des pays tropicaux prennent de plus en plus conscience de l’incroyable valeur des mangroves pour la nature et les êtres humains.
Les arbres de mangrove stockent plus de carbone dans leurs sols riches que la plupart des autres arbres, ce qui en fait des atouts précieux dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ils amortissent également les ondes de tempête, fournissent des zones de reproduction pour les poissons et une multitude d’autres animaux marins, et servent de systèmes de filtration efficaces qui empêchent l’afflux d’eau salée qui rend les sols impropres à l’agriculture.
La biodiversité est un avantage écosystémique important que procurent les forêts de mangrove. L’écotourisme communautaire fondé sur la biodiversité dans les mangroves peut contribuer à générer des incitations à la conservation et à la gestion durable. Les touristes ont un large éventail d’options pour découvrir la merveilleuse biodiversité des forêts de mangroves, notamment par le biais d’excursions en bateau, du kayak, de la plongée libre, l’observation des oiseaux et la pêche nocturne au crabe. À Madagascar, les mangroves abritent des lémuriens qui font partie du groupe de mammifères le plus menacé sur Terre. Ces « lémuriens des marais » ont été recensés pour la première fois (article en anglais) il y a quelques années seulement.
« Les forêts de mangroves sont des écosystèmes très productifs et leur conservation devrait être la première priorité, mais dans les endroits où les mangroves ont disparu, la restauration s’est également avérée possible », déclare Gabriel Grimsditch, expert des écosystèmes côtiers et marins du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
En 2019, les Nations unies ont lancé un appel mondial massif à l’action pour mobiliser le soutien politique et financier nécessaire à la restauration des écosystèmes déboisés et dégradés de la planète. La Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes aura lieu de 2021 à 2030 et mettra l’accent sur l’intensification des travaux de restauration pour faire face à la grave dégradation des paysages et des forêts, notamment des mangroves, nos forêts bleues marines.
Initiatives de restauration des forêts bleues
« La restauration des forêts de mangrove est un projet intéressant, mais qui va payer pour cela ? « , se demande Steven Lutz, responsable du projet Blue Carbon de GRID-Arendal et coordinateur du projet « Blue Forests » du Fonds pour l’environnement mondial. « Une des options que nous explorons est la façon dont les crédits carbone destinées aux mangroves pourraient soutenir des forêts saines et des moyens de subsistance côtiers ».
Le PNUE et ses partenaires ont récemment participé avec succès à des projets de financement du « carbone des mangroves » au Kenya (en anglais) et à Madagascar (en anglais) dans le cadre du projet « Blue Forests ».
Ces projets relient les forêts de mangrove au marché mondial du carbone, avec des crédits carbone de mangrove soutenant la plantation et la conservation des arbres de mangrove et d’autres avantages pour les communautés locales. Le PNUE soutient actuellement une étude sur la manière de relier de la même manière les écosystèmes d’herbiers marins au marché du carbone au Kenya.
Les expériences du Kenya et de Madagascar, seuls exemples au monde de projets de financement communautaire du carbone de mangrove réussis, ont été présentées le mois dernier lors de l’atelier de réflexion inaugural du Blue Carbon Hub de l’océan Indien à Maurice (en anglais). L’atelier a notamment reconnu que la biodiversité et les autres avantages des écosystèmes, dont la séquestration du carbone, sont essentiels pour faire progresser une économie bleue saine basée sur la nature.
En Équateur, le projet Blue Forests a soutenu l’engagement de Conservation International avec le gouvernement et les communautés locales dans la mise en place d’accords de conservation des mangroves. Dans le cadre du programme « socio manglar », les communautés autochtones reçoivent des incitations économiques, basées sur la riche biodiversité que soutient la mangrove, pour s’engager à conserver et à protéger les forêts de mangrove. Dans ce cas, les communautés obtiennent l’usage exclusif du crabe rouge de mangrove et de la coque noire, deux pêches nationales lucratives.
« La restauration n’est pas une victoire rapide. Des ressources financières considérables et l’adhésion soutenue des communautés locales pendant de nombreuses années sont nécessaires pour que les projets de restauration soient couronnés de succès », déclare Isabelle Vanderbeck, experte en écosystèmes marins du PNUE, qui travaille en étroite collaboration avec le Fonds pour l’environnement mondial sur les projets de restauration des mangroves.
Une résolution adoptée par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement le 15 mars 2019 « Engage les États membres à améliorer la recherche, l’éducation et la sensibilisation du public, à renforcer leurs capacités en matière de gestion durable et de restauration des mangroves et écosystèmes associés, et, à cette fin, à envisager des moyens de mobiliser les ressources requises en faveur des pays en développement « .
Qu’est-ce que le projet « Blue Forests » du Fonds pour l’environnement mondial ?
Le domaine d’intervention « Eaux internationales » du Fonds pour l’environnement mondial (en anglais) permet au projet « Blue Forests » (en anglais) de fournir la première évaluation à l’échelle mondiale de la manière dont les valeurs de la séquestration du carbone et d’autres services des écosystèmes côtiers peuvent être exploitées pour parvenir à une meilleure gestion des écosystèmes et à des communautés durables tout en atténuant les changements climatiques. Le projet améliore également les connaissances pour une prise de décision éclairée, sensibilise, encourage la coopération entre toutes les parties prenantes, et fournit des expériences et des outils pour une plus grande application mondiale.
La Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030, menée par le Programme des Nations unies pour l’environnement, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et des partenaires tels que l’initiative Africa Restoration 100, le Forum mondial des paysages et l’Union internationale pour la conservation de la nature, couvre les écosystèmes terrestres ainsi que côtiers et marins. Il s’agit d’un appel mondial à l’action qui rassemblera le soutien politique, la recherche scientifique et les moyens financiers pour intensifier massivement la restauration. Aidez-nous à façonner la Décennie.
Lire l’article original sur : www.unenvironment.org