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Guinée Bissau : Établir des liens entre les oiseaux de rivage et les gens grâce à la pêche traditionnelle aux coquillages des Bijagós

L’archipel des Bijagós est un site d’hivernage majeur pour les oiseaux de rivage migrateurs sur la voie de migration de l’Atlantique Est, où plusieurs populations sont actuellement en déclin. Il abrite également le peuple des Bijagós, connu pour son riche patrimoine culturel et ses systèmes complexes de gestion des terres, basés sur des règles et des zones sacrées, visant à protéger les ressources naturelles. 

Les oiseaux de rivage et les populations dépendent fortement du benthos, qui se trouve dans les vastes étendues intertidales de l’archipel. Pour les Bijagos, les coquillages ne sont pas seulement une source de protéines importante, mais ils sont également utilisés pour des rituels et des cérémonies qui font partie de leur culture, et leur vente est devenue une activité économique importante ces derniers temps. Deux des espèces les plus récoltées sont le très abondant « Combé » (Senilia senilis), et le « Lingron » (Tagellus adansonii). Pour les oiseaux de rivage, en plus de consommer de manière opportuniste ces bivalves, comme l’ont montré l’analyse du contenu des estomacs et l’observation directe, ces bivalves sont également des ingénieurs de l’écosystème, influençant d’autres espèces de proies des oiseaux de rivage ».

Avec l’abandon progressif des pratiques traditionnelles et l’exploration de nouvelles opportunités économiques, les ressources naturelles telles que les coquillages risquent d’être surexploitées, ce qui pourrait entraîner une baisse de l’abondance, voire un épuisement local. La densité des oiseaux de rivage étant déterminée par la disponibilité de leurs proies, la récolte de coquillages pourrait avoir des répercussions importantes sur l’abondance des oiseaux de rivage.

Pour mieux comprendre les modes de collecte des coquillages, leur importance culturelle et économique, et la manière dont les actions de conservation locales peuvent protéger le benthos, des entretiens avec des femmes conchylicultrices ont été menés dans des îles où la gestion est différente en raison de leur engagement dans des pratiques traditionnelles. Une étude (A) sur la zone marine protégée communautaire de l’île Formosa a été faite, où les valeurs culturelles des Bijagos sont très bien préservées ; et (B) l’île de Bubaque, le centre touristique de l’archipel où de nombreuses religions sont récemment arrivées et où Internet et les médias sociaux éloignent les jeunes générations des pratiques traditionnelles, dans l’espoir d’un gain économique plus important.

Ceci a permis grâce à cette étude, de comprendre plusieurs aspects socio-économiques de la pêche aux coquillages, mais l’un des résultats les plus intéressants est lié à la perception de l’évolution des stocks de coquillages au cours des dernières années.

À Formosa, les extinctions locales passées de ces bivalves ont conduit à la mise en place de réglementations par la communauté visant à garantir l’abondance de ces ressources pour les générations futures. Les bivalves de Formosa sont considérés non seulement comme une source de protéines, mais aussi comme un moyen de faire participer les jeunes générations aux cérémonies culturelles, qui dépendent de la disponibilité de ces ressources. En conséquence, la plupart des collectrices de Formosa interrogées ont déclaré qu’il est désormais plus facile de récolter ces bivalves.

À l’inverse, à Bubaque, le déclin rapide des bivalves suscite de réelles inquiétudes, toutes les collectrices interrogées étant fortement d’accord sur le fait qu’il est désormais plus difficile de récolter ces coquillages. Les inquiétudes sont particulièrement vives dans les villages proches de la capitale de l’île, où les villageois ont fait état d’une diminution des stocks et d’une quasi absence de coquillages à la fin de la saison de pêche.

Ces résultats montrent la vulnérabilité des ressources benthiques, qui, si elles ne sont pas gérées, peuvent rapidement s’épuiser, mais qui, si elles sont bien gérées, peuvent rebondir et être utilisées de manière durable pendant de longues périodes sans que les coquillages ne s’effondrent. Les mesures de gestion locales des Bijagos semblent être efficaces pour protéger les ressources benthiques de Formosa, protégeant ainsi toutes les autres espèces qui en dépendent, comme c’est le cas pour les oiseaux de rivage. Les valeurs culturelles des Bijagos sont donc une force majeure alignée sur la conservation de la biodiversité locale. Le peuple Bijagos est un excellent exemple de système de conservation traditionnel efficace, qui doit être valorisé à l’intérieur et à l’extérieur de sa communauté comme un moyen de le préserver.

Auteurs : Ana P. Coelho1, Aissa Regalla2, Theunis Piersma3,4 & José A. Alves1,5

  1. Dep. Biology & CESAM, University of Aveiro, Campus de Santiago, 3810-193 Aveiro, Portugal;
  2. Institute of Biodiversity and Protected Areas of Guinea-Bissau (IBAP), CP – 70, Bissau, Guinea-Bissau;
  3. NIOZ Royal Netherlands Institute for Sea Research, Department of Coastal Systems, PO Box 59, 1790 AB Den Burg, Texel, The Netherlands 4 Rudi Drent Chair in Global Flyway ecology, GELIFES, University of Groningen, P.O. Box 11103, 9700 CC Groningen, The Netherlands
  4. South Iceland Research Centre, University of Iceland, Lindarbraut 4, IS-840 Laugarvatn, Iceland;

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